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Libération

Chez M. Gueddou, le couscous à l'oeil. Gratuit les vendredis et samedis, le restaurant bouleverse les habitudes.

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publié le 23 avril 1999 à 0h25

C'est un restaurateur peu commun. Il sert le couscous à l'oeil les

vendredis et samedis soir depuis trois ans. Ça profite à l'estomac des uns. Ça nourrit la réflexion des autres. Quand arrive la fin de semaine, la clientèle se presse comme jamais les autres jours. Gueddou sourit, tape dans les mains, embrasse. Les plats défilent, viande, légumes, semoule fumante. La bière coule à flots. Les bouchons de gris de Boulaouane sautent. Dans les cuisines, la famille de Gueddou s'affaire. Femme, neveux, frères. Gueddou veut qu'on s'active. Il insiste pour que tout le monde ait les plats en même temps. Certaines soirées, son restaurant pousse jusqu'à 200 couverts. Il arrive même qu'on danse. Les étudiants s'encanaillent. Les fêtards s'arsouillent sans calculer ce qu'ils mangent. Quelques branchés se sont refilé le tuyau. Au bar, en attendant une place, les tournées d'apéro s'enfilent les unes après les autres. Des amoureux roucoulent à l'écart sur une table. Car la seule chose qu'on compte, ici, c'est la boisson. Son prix n'est pas prohibitif. Certains s'en tirent la tête haute: ils disent qu'en buvant beaucoup, on repart la tête encore plus légère, en ayant versé son écot. Gens du bled. Gueddou remercie. Il a sa petite idée de la générosité. «Quand tu fais du bien, tu es toujours protégé», dit-il. Il a aussi un exemple tout prêt pour illustrer son principe: son fils est tombé du troisième étage il y a huit ans. Il s'est relevé avec une entorse et un bleu. Gueddou dit: «C'est Die