Les noms de deux grands artistes du siècle ont été opposés hier, à
l'occasion d'une audience en référé du tribunal civil de Paris à propos de la possession d'une peinture.
Balthus, 90 ans aujourd'hui, et que son avocat, Me Paul Lombard, présente comme «luttant contre la mort», revendique la propriété d'une nature morte qu'il a peinte dans les années 50, la Cafetière aux trois fruits, et qu'il avait donnée au sculpteur Alberto Giacometti, mort, lui, en 1966. Balthus aurait confié ce tableau à son ami Giacometti, afin qu'il le donne à une tierce personne. En conservant cette toile, Alberto Giacometti, puis sa veuve Annette, elle-même décédée en 1993, auraient donc fait main basse sur l'oeuvre.
La solitude de l'artiste. Me Lombard a tracé de son client le surprenant portrait d'un homme «pas riche», travaillant en chaise roulante dans un «atelier glacé», n'ayant plus en sa possession qu'une seule de ses propres peintures et ne demandant, comme «ultime satisfaction», qu'à pouvoir récupérer une de ses oeuvres. L'avocat a excipé d'une lettre de Roland Dumas, exécuteur testamentaire d'Annette Giacometti, et par ailleurs lié d'amitié à Balthus, qui «ne voit aucun inconvénient à ce que le tableau soit remis à Balthus», à condition qu'il s'engage à le rendre si la propriété était finalement reconnue à la succession Giacometti. L'avocat de Balthus a fait observer que, six ans après la mort d'Annette, celle-ci n'avait toujours pas d'héritier, la Fondation Giacometti, censée hériter de ses