Hier, à la reprise de l'audience du procès en assises de Bob Denard,
accusé de l'assassinat en 1989 du président des Comores Abderemane Abdallah Ahmed, l'avocat du mercenaire demande la parole. Jean-Marc Varaut raconte ce que Denard vient de lui expliquer: entre 12 et 14 heures, son client a été victime d'un malaise cardiaque, il a uriné du sang. Le président Corneloup cherche à en savoir plus. Chacun a en mémoire les malaises à répétition d'un autre client de Me Varaut, Maurice Papon. L'avocat explique qu'à 70 ans, Bob Denard a déjà été victime de deux infarctus. «Ce matin, explique-t-il, il a pris lui-même sa tension, dans sa cellule.» «19!», précise le vieux soldat. Jean-Marc Varaut met en cause l'escalier qui monte de la souricière au box des accusés. «100 marches, c'est un peu dur pour un malade! Il y a l'apparat dont s'entoure la justice, mais les coulisses ne sont pas belles à voir», explique-t-il, tandis qu'un médecin examine l'accusé. L'avocat exagère à peine. L'escalier en question, un colimaçon de 84 marches de pierre usées, emprunte une étroite tourelle. Des murs crasseux sur lesquels on n'a pas daigné installer une rampe. Curieuse montée au Golgotha pour des présumés innocents. A vrai dire, les témoins ne sont guère mieux lotis: ils doivent patienter, parfois des journées entières, dans une salle aux murs sales, sur des fauteuils de skaï défoncés, sous un pauvre néon clignotant.
Bob Denard a été conduit à l'Hôtel-Dieu pour y subir des examens complémentaires. Il