Montpellier envoyé spécial
Il ne se souvenait plus" Ça arrive à tout le monde. Sauf que tout le monde n'a pas besoin d'un alibi pour échapper à quatorze ans de réclusion criminelle. Rida Daalouche en avait déjà accompli trois à la prison des Baumettes, avant de se rappeler soudain qu'il n'avait pas pu égorger Abdelali Gasmi le 29 mai 1991 au café de la Gerbe d'or à Marseille: ce soir de finale de Coupe d'Europe OM-Etoile rouge de Belgrade, il était précisément en chambre d'isolement pour entamer une cure de désintoxication à l'hôpital Edouard-Toulouse de Marseille, à plus de 10 km des lieux du crime.
Fait exceptionnel dans les annales judiciaires, la cour d'assises de l'Hérault a rejugé, jeudi et vendredi, Rida, le dealer d'héroïne que la cour d'assises des Bouches-du-Rhône avait envoyé aux galères le 12 avril 1994. Rida Daalouche ne sera jamais que le cinquième en un siècle, y compris le capitaine Dreyfus, à voir son procès révisé. Il est aussi le premier cas depuis le 23 juin 1989, date à laquelle la loi autorisant ces révisions a elle-même été révisée: elle n'impose plus au condamné de produire la preuve de son innocence. Un fait nouveau peut suffire. Estimant pouvoir «douter» de sa culpabilité, sur la foi des documents fournis par l'hôpital de Marseille après le premier procès, la chambre criminelle de la Cour de cassation avait suspendu la condamnation de Rida Daalouche en février 1997. Avant de l'annuler tout à fait le 14 octobre de l'année suivante.
Rida Daalouche n'est