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Libération

Manifestant cogné contre policier cogneur.David Arnoult est jugé pour violences lors d'une garde à vue en avril 1993.

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par Marie NOSSEREAU
publié le 8 mai 1999 à 0h55

Six ans après les faits, la salle d'audience du tribunal

correctionnel de Paris est presque vide. A l'époque, pourtant, le témoignage d'Yves Zaparouchia avait déchaîné les passions dans le quartier de la Goutte d'Or. Le 6 avril 1993, un jeune Congolais de 17 ans, Makomé, est abattu par un policier pendant une garde à vue dans le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris. Le lendemain, un jeune du quartier, Yves Zaparouchia, descend dans la rue pour participer à une manifestation de protestation. La manif tourne à l'aigre. Il s'esquive. Des CRS le prennent pour un leader et le passent à tabac. Puis il est placé en garde à vue, avec une dizaine de manifestants, à la deuxième Division de police judiciaire (DPJ), dans le même quartier. Il en sort avec des hématomes multiples, traces de coups à la pommette droite, sur le flanc gauche et sur les jambes.

Sur le banc des prévenus, David Arnoult, un molosse de 28 ans. C'est lui qui aurait asséné des coups de règle. Crâne rasé, regard bleu pâle, Arnoult fait aujourd'hui partie de la brigade anti-criminalité du deuxième district. En 1993, il appartenait aux brigades mixtes d'arrondissement. Des volontaires recrutés dans différents corps de police, «l'équivalent des CRS sur Paris», selon Arnoult. «Des tueurs à gage», selon Me Antoine Comte, l'avocat de Zaparouchia.

«Le climat était tendu à la deuxième DPJ, reconnaît le policier, mais un fonctionnaire de police doit savoir faire la part des choses. Ce jour-là, ni moi ni mes collègues