Le cours de lundi a commencé très classiquement par le corrigé du
dernier devoir écrit. A partir d'une documentation sur plusieurs mises en scène de la Nuit des rois de Shakespeare, les élèves avaient à plancher sur «le travestissement et l'ambiguïté sexuelle». «En général, l'entrée en matière est moins scolaire», assure Jean-Louis, prof de lettres chargé de l'option théâtre dans ce lycée de l'académie de Rennes. Mais le bac approche. Au fond, Jean-Louis trouve qu'il n'est pas plus mal que la classe soit ainsi rappelée à la réalité: «Vous n'êtes pas ici pour apprendre le métier de comédien. Le théâtre c'est l'option que vous avez choisie pour passer un examen», répète-t-il volontiers. Il faut à tout prix éviter que les adolescents ne prennent «la grosse tête» et s'entretiennent eux-mêmes complaisamment dans leur marginalité de «classe d'artistes».
Après la remise des copies, la séance est inaugurée par la lecture du journal de bord. Un élève, désigné comme «rapporteur», lit son compte rendu d'un spectacle vu pendant le week-end. Ce «passionnant rituel» permet d'introduire le travail sur les planches. Jean-Louis est aidé par un comédien, «un professionnel respectueux de la personnalité des adolescents». Pendant trois heures, les élèves partent à la recherche d'Olivia, de Viola et de Malvolio, personnages de la Nuit des rois. Face à Viola travestie, Olivia voilée a du mal à rendre l'ambiguïté de son trouble. Plus tard, dans une autre scène, une jeune fille s'efforce avec succès