L'énorme procès du Sentier a été reporté au 4 octobre. Hier, lors de
l'audience inaugurale, la présidente du tribunal correctionnel de Paris n'a pu que constater cet imbroglio judiciaire: la Cour de cassation ayant récemment jugé illégales les conditions de la garde à vue de l'un des 124 prévenus (Libération du 10 mai), on ne sait toujours pas si le suspect en question, Erick Abitbol, pourra être jugé avec ses pairs. S'agissant d'une affaire d'«escroquerie en bande organisée», cela pose un problème ontologique.
Le tribunal s'est donc donné le temps d'apprécier la situation. Le 19 mai, la chambre d'accusation devrait indiquer si elle annule tout ou partie des actes d'instruction concernant Abitbol sa décision étant elle-même susceptible d'un ultime pourvoi en cassation. Après, on verra bien. L'avocat de l'un des commerçants du Sentier a pris le pari: «L'affaire ne sera pas jugée avant 2000-2002.» En face, le parquet tient mordicus à tenir l'affaire dans les délais, pour démontrer sa capacité à démêler avec célérité les dossiers les plus complexes.
Hier à l'audience, quelques problèmes d'intendance ont donné un avant-goût des débats à venir. Pour l'essentiel, il s'agissait de maintenir ou non en détention provisoire 10 des prévenus les autres ont été libérés sous contrôle judiciaire (99) ou sont en fuite à l'étranger (15). Sachant que les 10 sont en prison depuis maintenant dix-neuf mois, les cinq mois supplémentaires jusqu'au véritable procès du Sentier les mèneront tout droi