Au début de l'audience, ils étaient assez nombreux, haie de robes
noires massées au fond de la 1re chambre civile du tribunal de Paris, venus voir Me Henri Leclerc défendre les oeuvres et les beautés de leur métier d'avocat, menacé par les menées de juges d'instruction et leurs perquisitions. Procédure inhabituelle, l'ordre des avocats de Paris, en présence de sa bâtonnière, Dominique de La Garanderie, assignait l'Etat pour faute lourde du service de la justice. Objet de leur colère: la perquisition menée au domicile d'un avocat parisien, Eric Turcon, par les juges Laurence Vichnievsky et Eva Joly le 26 janvier 1999. Les magistrates recherchaient alors des éléments sur l'homme clé du dossier Elf-Aquitaine (pour les versements de commissions), Alfred Sirven, en fuite et sous mandat d'arrêt international.
«Inquisition». Pour une grosse majorité de la profession, l'intrusion des deux juges est devenue le symbole des débordements des juges d'instruction et de la violation de règles essentielles comme la protection des droits de la défense et le secret professionnel. C'est sur ce terrain qu'Henri Leclerc était attendu. C'est sur ce terrain qu'il s'est lancé, picorant dans l'Histoire: «Au temps terrible de la procédure inquisitoire, en 1672, le Parlement de Toulouse annulait les saisies faites au cabinet d'un avocat parce que le cabinet était un "asyle.» En 1893, la Cour de cassation avait qualifié une perquisition d'«acte sans précédent, une mesure rigoureuse et blessante».
Disque d