Aujourd'hui, se remémorant l'affaire, un chauffeur de taxi affirme:
«On est toujours du mauvais côté du revolver.» C'était le 9 janvier 1996, vers 16 heures. Quatre policiers attendent le chauffeur de taxi Etienne Leborgne devant son domicile de Saint-Ouen. Trois jours avant, il a pris la tangente lors d'un contrôle à Roissy, bousculant sévèrement un gardien de la paix. Classée orange dans l'échelle de «dangerosité» établie par les forces de l'ordre, l'opération tourne vite au rouge: Leborgne arrive au volant de son break blanc Peugeot, tente de fuir, fait mine de sortir quelque chose de sa poche c'était une bombe lacrymogène et prend une balle dans la tête. Il avait 32 ans.
Cette semaine, la cour d'assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis) doit se prononcer sur la culpabilité de Marcel Ricard, 50 ans, le lieutenant tireur. Le parquet a longtemps parlé de légitime défense, l'accusé a multiplié les recours, mais le procès a finalement eu lieu. Qui, hormis son intérêt judiciaire, permet de révéler ce que fut la vie de forçat d'Etienne Leborgne. Guadeloupéen, asthmatique, végétarien. Et chauffeur «locataire», un statut de prolétaire au sein d'une profession qui, déjà, et malgré les controverses qu'elle suscite, tire le diable par la queue.
La «Côtelette». Qu'ils soient artisans, salariés ou locataires, les taxis travaillent souvent dix heures par jour, six ou sept jours sur sept. Mais, alors que l'artisan possède sa voiture, que le salarié bénéficie d'une (petite) assurance de l