«Les autorités allemandes avaient interdit l'usage de toute oeuvre
intellectuelle composée par les juifs et les fonds provenant de l'étranger étaient bloqués par l'office des changes. Par conséquent, les droits que la Sacem a pu percevoir pendant cette époque pour les oeuvres juives devaient être évidemment très faibles du fait de cette interdiction.» Alors que des doutes commençaient à apparaître sur la gestion de la Sacem pendant la guerre, Jean-Loup Tournier, directeur général de cette société de droits d'auteur depuis plus de trente ans, prenait cette ligne de défense, dans un courrier rédigé en septembre 1998. Une position qui rend perplexe quiconque connaît un tant soi peu la chanson.
Noms «francisés». Les interdictions visèrent surtout les artistes-interprètes. Mireille, Ray Ventura, Agnès Capri, Renée Lebas, etc. Marie Dubas obtint une tolérance des autorités de Vichy pour poursuivre sa carrière dans l'ombre, puis se réfugia en Suisse.
Pour les auteurs, compositeurs, arrangeurs la plupart ayant «francisé» leurs noms, les lois ne furent guère appliquées. Wal-Berg (Wladimir Rosenberg) était le grand arrangeur chez Pathé-Marconi. Il avait arrangé les premiers Trenet, dont Je chante. Interdire les disques où son nom figurait équivalait à interdire les plus grandes vedettes: Damia, Marjane, Darrieux" On retira juste les étiquettes et on en colla de nouvelles, sans la mention «orchestre Wal-Berg». Après la Libération, il a dû téléphoner à sa maison de disques: «Les Alleman