C'est une «faute lourde» de l'Etat, a décidé le tribunal
administratif de Rouen après le viol, dans sa cellule, d'un détenu par deux autres. Une décision exceptionnelle. C. a 29 ans quand, le 2 mai 1994, il est incarcéré à la prison de Rouen. Il doit y purger une peine de quatre ans pour incendie volontaire. Le cauchemar de la cellule 21. La maison d'arrêt est surpeuplée et le 22 février de l'année suivante, il est placé à la cellule 21 avec deux autres détenus. Dans son mémoire aux juges administratifs, Me Etienne Noël, l'avocat de C. explique: «Dès le premier jour, suivant en cela les rites bien établis à la maison d'arrêt, les deux codétenus de C. mirent celui-ci à l'épreuve en lui extorquant des vêtements et en le frappant violemment. Par la suite, la violence allait encore s'accroître et C. fut contraint de cantiner (acheter des denrées, ndlr) en utilisant son propre pécule.» Les choses ne se sont pas arrêtées là. A la cellule 21, C. est contraint sous la menace et les coups de pratiquer des fellations puis de se faire sodomiser par les deux hommes. Les violences et les viols ont duré quinze jours «sans que personne parmi les surveillants s'aperçoive de quoique ce soit», note encore l'avocat. Ce n'est que le 8 mars qu'il «trouve la force de dénoncer les faits à l'infirmière, bravant ainsi la honte qui pèse sur ceux qui dénoncent un autre détenu», rappelle Me Etienne Noël. L'examen médical montrera les traces visibles des viols et des coups. «En vingt-cinq ans de métie