Il a beaucoup été question d'honneur lors de la dernière journée du
procès de Marcel Ricard devant les assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). L'honneur d'un homme (l'accusé), l'honneur de la justice (bafouée selon les parties civiles), pour une audience complexe: le policier Ricard est-il coupable d'avoir tué le chauffeur de taxi Etienne Leborgne, le 9 janvier 1996 à Saint-Ouen après une course-poursuite agitée (Libération du 13 mai 1999)? Francis Terquem et Marie-Paule Pioli, avocats de la famille Leborgne, avouent s'être «sentis un peu seuls» dans cette affaire, le parquet «ayant failli à son rôle accusatoire». Par «lâcheté et corporatisme», le policier Ricard fut «couvert par sa hiérarchie, comme par l'administration judiciaire». Un combat du «pot de terre contre le pot de fer», à l'issue duquel «on nous dit "circulez, y a rien à voir. Mais nous ne circulons pas, et nous demandons à voir.» Dans la salle, les policiers sont encore plus nombreux que les jours précédents lorsque l'avocat général entame son réquisitoire. Numéro deux du parquet de Bobigny (qui avait demandé un non-lieu à la fin de l'instruction), Jean-Louis Voirain reconnaît que personne dans son équipe ne s'est précipité pour s'emparer de l'affaire. Il y a de quoi. «Ce dossier n'est pas bon», dit-il, et de dérouler des arguments qui ravissent l'accusé, «un bon père de famille, tout sauf un cow-boy». Et Etienne Leborgne? C'est bien malheureux: il a en fait été victime de son «attitude suicidaire», par son ref