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Faire hériter sa maîtresse, c'est maintenant possible.La Cour de cassation met fin à 139 ans d'hypocrisie.

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publié le 17 mai 1999 à 1h02

C'est le mariage bourgeois et sa figure emblématique, la vieille

maîtresse, que la Cour de cassation vient d'assassiner. Sans bruit ni scandale, mais avec force. La décision sera publiée au rapport annuel de la Cour. En décidant le 3 février que le legs de 500 000 F consenti par Roger H. à sa maîtresse n'était pas contraire aux bonnes moeurs, les magistrats ont reconnu que la volonté de mettre sa compagne à l'abri du besoin, louée dans le mariage, ne pouvait plus être vilipendée hors du mariage. Et ils ont renoncé à distinguer l'adultère «moral» ­ stable et ancien ­ de l'adultère «immoral».

Relations vénales. Depuis 1860, époque où il était presque impossible de divorcer, la justice admet qu'un homme marié peut léguer des biens à sa maîtresse. A condition que ces cadeaux ne constituent pas un marché en vue de «la formation, la continuation, la reprise des rapports immoraux, ou leur rémunération». Depuis 1860, seules les liaisons anciennes et stables trouvaient grâce, et encore, aux yeux des magistrats. Les autres, considérées comme des relations sexuelles vénales, rendaient illicites, car immoraux, tous legs ou donations. Au début du siècle, les spécialistes contestaient déjà ce pouvoir laissé aux tribunaux de limiter la liberté testamentaire en fonction de leurs conceptions personnelles du bien et du mal. Mais récemment, le professeur Malaurie défendait encore cette distinction, car «il demeure dégradant qu'une femme échange son corps et ses sentiments contre des cadeaux et d