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Libération

La nuit la plus longue pour Bob Denard. Aux assises, il plaide la mort «accidentelle» du président comorien.

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publié le 17 mai 1999 à 1h02

A la barre des témoins, Omar Tamou. Svelte, élégant, souriant. Il se

souvient bien de cette soirée du 26 au 27 novembre 1989. Un peu après minuit, il entend des tirs nourris du côté de la présidence. A cette époque, Omar Tamou est ministre de l'Intérieur du gouvernement de la république des Comores, présidée par Abderamane Ahmed Abdallah. «J'ai appelé la résidence, je suis tombé sur quelqu'un qui m'a dit: la GP (garde présidentielle, ndlr) est sur place et elle maîtrise la situation», explique-t-il au président de la cour d'assises de Paris. Qu'a fait alors Omar Tamou, «premier flic des Comores», comme le lui rappelle Eric Sossah, avocat de l'actuel Etat comorien? «Je me suis recouché.»

Dans les heures qui suivent, Moroni résonne des détonations des armes automatiques, puis des bazookas, et des lance-roquettes. Omar Tamou dort. Son sommeil est interrompu, dit-il, vers 4 heures. Un militaire de la GP le convoque à la présidence. Lorsque le ministre arrive, il ne le sait pas encore, mais le président Abdallah est mort, ainsi que son fidèle garde du corps et serviteur, Jaffar.

Depuis le 4 mai, les mercenaires Robert «Bob» Denard, dit le Colonel et Dominique Malacrino, dit lieutenant Marques répondent de l'accusation d'assassinat devant la cour d'assises de Paris. Car tandis que le ministre de l'Intérieur se rendormait, un drame se jouait entre cinq personnes dans le bureau du président Abdallah. De ce drame à huis-clos, il existe une version, celle fournie par les mercenaires, e