Vauvert envoyé spécial,
Cinq cents mètres, à peine. Cinq minutes de marche, pas plus. Voilà ce qui sépare le quartier du Bosquet, une cité de deux mille habitants, du clocher du vieux Vauvert (Gard), un gros village de dix mille cinq cents âmes, aux environs de Nîmes. Ici, tout le monde se connaît, ou presque. Tout le monde est allé sur les mêmes bancs scolaires, dans l'unique collège de la commune, en plein Bosquet, justement. Et pourtant, Vauvert est désormais coupé en deux. Au centre: la vieille ville, avec ses arbres, ses portails fatigués, ses commerçants. A l'écart: la zone industrielle et la cité HLM qui est allée avec dans les années 60, le quartier du Bosquet, tout aussi fatigué. Et, partout, un sentiment identique: la colère.
Musique. En un week-end, Vauvert a coulé du sang. Un mort, cinq blessés par balles et un autre roué de coups. A l'origine, une affaire simple. Une bande de jeunes du Bosquet qui s'octroie la plus belle place de la ville. Celle de Gambetta, vestige de l'enceinte fortifiée où, au Moyen-Age, des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, venaient faire une escapade, histoire de s'adonner à quelque «diablerie» (un carnaval). Une place symbole de Vauvert qui, à en croire les riverains, était devenue en quelques mois une «zone de non-droit». Au début: des regards insistants, puis de la musique, puis des insultes, et enfin, un peu de drogue, quelques agressions et la peur sourde qui gagne. Vendredi 14 mai, c'est la rixe. A 22 heures, un employé de ba