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Libération

L'assassinat du président comorien en 1989.«Cette audience était grosse de l'acquittement» de Denard. L'avocat général évoque le «doute» mais requiert de 10 à 12 ans de prison.

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publié le 19 mai 1999 à 1h06

L'exercice est difficile: parler d'un homme qu'on trouve

«estimable», voire «admirable», dont on reconnaît envier «le courage» et montrer qu'il est aussi un menteur, une crapule et un criminel. Alors, l'avocat général Philippe Bilger a prévenu les jurés qui, ce soir, rendront leur verdict à l'issue des deux semaines d'audience du procès de Robert Denard et Dominique Malacrino: «Le doute a le droit d'exister.» Mais quel doute? Celui qui, peut-être, l'a effleuré, celui qui sans doute assaille les jurés? «N'ayez pas peur du doute, et laissez-moi le dissiper», poursuit-il en confessant: «Cette audience était grosse d'un acquittement.» Pendant près de deux heures, Philippe Bilger va dérouler cette «histoire tragique de bruit, de fureur, de machiavélisme, un Machiavel revisité par Agatha Christie», histoire d'une vie qui croise sans cesse l'Histoire pour finir «dans un huis clos où deux Comoriens ont été tués et trois mercenaires ont survécu».

La cinquantaine. Selon Philipe Bilger, Robert Denard avait été durant une grande période de sa vie, «dans l'Histoire, sans la faire». A partir de 1978, avec «l'éblouissement des Comores», les choses changent radicalement pour cet homme qui doit alors composer avec sa cinquantaine. «C'est le repos du guerrier et sa transformation en politique. La douceur de vivre et le goût du pouvoir vont faire de lui une créature nouvelle.» Durant dix ans, fort de cette garde présidentielle (GP) qu'il a créée pour protéger le pouvoir du président Abdallah,