Quand le collège est malade, la République et la citoyenneté sont en
danger. Impressionnés, semble-t-il, par l'ambiance solennelle du vieil amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, les orateurs invités hier à conclure le «débat national sur le collège» n'ont pas été avares de fortes paroles. La ministre Ségolène Royal, les sociologues et les pédagogues, les représentants des principaux syndicats enseignants et les fédérations de parents d'élèves ont tous souligné l'ampleur du mal et la gravité de l'enjeu: trente ans après sa création, le collège unique n'a pas été capable de promouvoir «l'intégration sociale».
Dans l'avant-propos du rapport qu'il cosigne avec les membres du comité de pilotage, le sociologue François Dubet rappelle que la République «a souhaité réunir pour un temps les jeunes de tous horizons pour leur proposer non seulement une formation intellectuelle commune mais aussi un cadre éducatif fait de règles de vie sociale et de valeurs partagées». «Dans cet ultime lieu de brassage de toutes les générations», Ségolène Royal voit rien moins que l'expression «d'une certaine idée de la France». Or, de l'analyse des milliers de réponses collectées dans le cadre du débat national, il ressort que, loin de restaurer l'égalité des chances, le collège creuse les écarts. Les bons y sont toujours meilleurs et les moins bons toujours plus mauvais (Libération du 18 mai).
Un mythe. Faut-il alors remettre en cause «le mythe du collège unique»? A cette question qu'elle pose elle-mêm