Bruno Mégret s'est rendu, hier matin, à Vauvert (Gard). Quelques
heures seulement après la marche en hommage à Mounir O., 19 ans, tombé sous une balle meurtrière dimanche, après un week-end d'affrontements dans le village (Libération du 18 mai). Dans l'esprit du président du Mouvement national, la visite se voulait solidaire d'«une population complètement abandonnée par les pouvoirs publics face à l'insécurité et l'immigration». Fausse piste pour l'ancien second de Jean-Marie Le Pen, la prétendue population (qui vote ici Front national jusqu'à 25%) a boudé sa venue. Hier matin, dans les rues de Vauvert, ils n'étaient pas nombreux à lui serrer la main. Pas nombreux, non plus, à entendre sa réponse à Jean-Pierre Chevènement qui, lundi soir, avait déclaré: «La guerre d'Algérie est finie.» «Tous les Français le savent, a déclaré Mégret, mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est qu'un Français qui allait en Algérie était un horrible colonialiste qui devait quitter le pays et qu'un Algérien qui vient en France est un gentil immigré qui doit nécessairement y rester.»
Pas dupes, certains commerçants ont même baissé leur rideau de fer, d'autres se sont dits «piégés», tandis que la municipalité (PS) avait décidé de fermer tous ses établissements en guise de protestation contre cette «récupération indigne». Une heure après, c'était plié. Bruno Mégret est reparti, comme il était venu, avec sa petite troupe. Sous le regard d'une quarantaine de personnes, la plupart issues du même quartier q