Menu
Libération

Auteurs juifs dépossédés: La Sacem était plus dure que Vichy.Elle a bloqué leurs comptes alors que l'administration ne le demandait pas.

Article réservé aux abonnés
publié le 21 mai 1999 à 1h07

Soumise depuis une dizaine de jours à une vigoureuse polémique sur

son comportement pendant l'Occupation, la Sacem, principale société d'auteurs française, a choisi de s'arc-bouter sur «sa» vérité. Révélés dans la presse, des documents datant de 1941 semblent montrer que la Sacem a privé ses sociétaires juifs de leurs droits d'auteurs, sans avoir reçu de consigne de l'administration de Vichy.

Le problème est aujourd'hui soumis à la Mission d'étude sur la spoliation des juifs, dirigée par Jean Matteoli. Ces questions-accusations sont formulées par Daniel Vangarde, l'un des sociétaires (1). La Sacem y répond sous deux formes. En menaçant l'insolent d'une exclusion, au plus vite. Et en maintenant sa version: «La Sacem n'a jamais spolié l'argent de ses auteurs juifs, mais sous ordre du commissariat général aux Affaires juives, elle a dû se résoudre à bloquer tous les comptes de droits d'auteurs dont les titulaires étaient juifs, et envoyer à chaque sociétaire une circulaire en novembre 1941», explique Jean-Loup Tournier, le président du directoire. Zèle. Cette ligne de défense ne tiendra pas longtemps. De nouveaux documents de l'époque, retrouvés aux Archives nationales, (2) prouvent que la Sacem a mal exploré son passé. Une lettre datée du 28 octobre 1941 démontre qu'elle a sollicité le commissariat général aux Questions juives afin de savoir quelles mesures elle devait prendre.

«A deux reprises, par lettres des 26 juillet et 25 août 1941, notre Société s'est adressée à vous en v