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«C'est lui, je le reconnais, c'est lui qui m'a pissé dessus!»Cinq policiers comparaissent en appel pour violences.

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publié le 21 mai 1999 à 1h07

Avant de sortir de prison, il a mis un costume gris, une cravate, et

se présente devant la cour d'appel de Versailles avec l'attitude d'un homme de 50 ans qui menait une vie irréprochable au service des citoyens. Il est encore étonné de se retrouver, lui, commandant de police, condamné pour «violences» et «agressions sexuelles». Quand le président l'invite à prendre la parole, il dit: «Je proclame ici mon innocence complète.»

Une lenteur fustigée par l'Europe. Bernard Hervé, qui dirigeait la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, a été condamné, le 25 mars, à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Versailles. Et arrêté à l'audience. Quatre de ses subordonnés ont été condamnés, eux aussi, à des peines de prison ferme, mais laissés en liberté. Entre les faits, qui remontent à 1991, et le jugement il s'est écoulé presque huit ans. Cette lenteur à instruire a provoqué une situation inédite: l'affaire a été examinée par la Cour européenne des droits de l'homme avant que la justice française n'ait achevé son travail. Dans l'attente de l'arrêt de ce tribunal international, la France s'est alors dépêchée. Et la justice a frappé fort.

Le tribunal a pris très au sérieux cette vieille plainte de deux trafiquants de drogue, Ahmed Selmouni et Abdelmajid Madi, qui avaient dénoncé le tabassage subi en novembre 1991 au commissariat de Bobigny. Le procureur avait critiqué «des faits qui contreviennent aux principes d'un Etat de droit et ne pe