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Libération

Cécité et dépendance du système ARC. Etat, chercheurs et salariés n'ont pas tiré la sonnette d'alarme.

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publié le 25 mai 1999 à 1h09

En 1976, Georges Mathé, Maurice Tubiana et quelques éminents

cancérologues, membres du conseil d'administration de l'ADRCV (Association pour le développement de la recherche sur le cancer à Villejuif) recevaient un courrier de la CGT, qui s'alertait de «faits très graves dans la gestion des comptes du laboratoire de primatologie et d'ultracentrifugation du CNRS ainsi que dans ceux de l'Association pour le développement de la recherche sur le cancer». A l'origine de cet émoi, la découverte par une aide-comptable d'un système de factures payées deux fois, au bénéfice d'un fournisseur lié familialement à la chef-comptable de l'AdRcv. L'affaire fit un peu de bruit. Jacques Crozemarie, qui gérait ce labo du CNRS chargé de fournir les animaux pour des expérimentations et présidait l'association, n'était pas encore omniprésent sur les chaînes de télévision. Mais, déjà, il rendait service aux laboratoires de recherche de Villejuif. Ce mini-scandale n'eut pas de suite.

Longue haleine. Des signaux d'alarme de ce genre, il y en aura d'autres: en 1984, puis en 1990, grâce aux interventions de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), puis dans la presse. Il faudra la ténacité de la Cour des comptes pour qu'en janvier 1996 l'ère Crozemarie s'achève. Comment et pourquoi ce système de détournement, qui portait sur des dizaines de millions de francs, a-t-il pu durer aussi longtemps? Il n'est pas sûr que le procès permette de répondre.

Certains des chercheurs qui ont bénéficié de la