La brochure est belle, en quadrichromie, grand format, du rouge qui
cogne pour les titres. Un douze pages tout juste imprimé par l'International Council for Coordinating Cancer Research (Icccr), structure de coordination fondée aux Etats-Unis par Jacques Crozemarie. En ce mois de février 1992, «Crozy» savoure l'effet pédagogique produit par le dépliant: il y passe pratiquement pour l'empereur mondial de la lutte contre le cancer. On retrouve son visage rond, son sourire forcé en première page, puis en pages 4 et 5 (en compagnie des membres du Board de l'Icccr; ou entouré des plus grands noms mondiaux de la recherche en cancérologie). Une autre page le présente, prenant la pose, en président de l'association américaine. La légende se passe de commentaires: «En 1990, Jacques Crozemarie et la structure qu'il dirige, l'Association pour la recherche sur le cancer, ont récolté plus de 60 millions de dollars ("), de l'argent qui permet d'aider 2 000 groupes de chercheurs à travers la France. Cela fait de l'Arc la plus grosse source de financement pour le cancer dans ce pays plus importante que n'importe quel financement public français. Cela fait aussi de Jacques Crozemarie l'un des personnages les plus puissants sur la scène française de la recherche.» A l'époque, le patron de l'Arc a bien quelques soucis; il lui a fallu bouter hors de son territoire les hommes de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) qui prétendaient fouiner dans sa gestion; la presse commence à po