Vendredi 16h30. Alain, prof de lettres, donne lecture de la lettre

que le jeune Flaubert, élève en classe de philosophie, adresse en 1839 au directeur du Collège royal de Rouen. L'insolent Gustave se permet de solliciter la révision d'une sanction prononcée à la suite d'un chahut collectif. Monsieur le directeur n'y est pas allé de main morte: trois élèves renvoyés et mille vers latins à recopier pour le reste de la classe! Flaubert fait respectueusement valoir qu'il faut, selon lui, soit punir toute la classe, soit ne punir personne.

Avec cette lecture exotique, le prof remporte un «petit succès» auprès de ses élèves de première. L'essentiel du cours sera consacré à un «exercice d'écriture». Il s'agit d'imaginer la réponse que le directeur du Collège royal adresse à l'élève Flaubert. Les lycéens peuvent choisir de se mettre dans la peau d'un proviseur intraitable ou conciliant, amical ou pervers. «L'important, explique Alain, c'est de comprendre comment peut se construire une argumentation.» Les lycéens ont des dictionnaires à leur disposition. Le groupe fonctionne comme ces «ateliers d'écriture» qu'animent certains romanciers dans les établissements scolaires. Chaque élève lit son texte à voix haute et s'évalue en écoutant l'autre. Une élève veut savoir comment le directeur du Collège royal s'adresse à l'adolescent: Monsieur? Flaubert? Monsieur Flaubert? «Il n'y a pas de bonnes réponses, il n'y a que des propositions. L'important, c'est que vous preniez des décisions», répo