En présentant hier son plan antitabac, Bernard Kouchner, secrétaire
d'Etat à la Santé, l'a suggéré à demi-mot. Assise non loin de lui, Nicole Maestracci, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (Mildt), a refusé d'en dire plus. Il n'empêche, selon nos informations, c'est fait: Matignon a finalement accepté que la Mildt prenne en charge la lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme. Changement à 180%. Cette décision est d'importance: non seulement elle met fin à une polémique qui couvait depuis plusieurs semaines, mais surtout elle confirme un changement radical dans l'attitude des pouvoirs publics qui entendent désormais «lutter de front contre toutes les formes de dépendance», et cela que les produits soient légaux ou pas.
Cette nouvelle attitude des autorités n'était pas gagnée d'avance. Certes, lorsqu'elle avait été nommée à la tête de la Mildt en juillet 1998, Nicole Maestracci, magistrate de formation, avait reçu une lettre de mission apparemment très claire, dans laquelle on lui demandait d'élargir la mission de cette structure interministérielle «à la prise en charge de l'alcoolisme, du tabagisme et de l'abus de médicaments». Comptes macabres. Cette demande d'élargissement intervenait juste après la publication du rapport du professeur Roques, qui montrait que, d'un point de vue toxicologique, il n'y avait pas de corrélation entre la dangerosité d'un produit et son statut légal. Ainsi, le tabac provoque-t-il plus de 60