Témoins de l'allongement des peines de prison, les chiffres donnent
le vertige. En vingt ans (entre 1978 et 1998), les peines de cinq ans d'emprisonnement ont augmenté de 1 020%, les condamnations à plus de dix ans de réclusion criminelle, de 233%, et les peines de perpétuité, de 100%.
Cette hausse suffirait presque à expliquer le surpeuplement des prisons françaises. Mais ce n'est pas tout. S'y ajoute en effet une chute des libérations conditionnelles, divisées par deux en vingt ans. Pour les longues peines, qui nécessitent l'acceptation du Garde des sceaux, les chiffres sont éloquents: en 1973, 86,3% de ceux qui pouvaient y prétendre ont obtenu leur sortie anticipée. Ils n'étaient plus que 39% en 1998. Même phénomène pour les peines plus légères: en 1973, 29,3% des condamnés à moins de cinq ans de prison en ont bénéficié, ils étaient 14% en 1998.
On s'en doute, la situation entraîne dans les prisons un climat extrêmement tendu. Le 21 mai, le secrétaire général de la CGT pénitentiaire (UGSP-CGT), Alexis Grandhaie, a écrit à la ministre de la Justice pour lui faire part de son inquiétude: «Nos syndicats locaux font valoir les énormes problèmes que rencontrent les personnels dans la gestion des longues peines, les risques qu'ils encourent au quotidien, la montée en puissance de revendications coordonnées de la part de cette catégorie pénale.» Le syndicaliste assure encore: «Les personnels ne peuvent plus gérer une population sans perspective de libération, coincée dans des pein