Elle était touchante, Arlette, chemise bleue, chaussures plates, un
sourire de femme blessée, mais si tendre, son discours standard de militante Lutte ouvrière raccroché au vestiaire: jeudi, elle représentait, avec deux autres militants, l'organisation trotskiste devant la 17e chambre correctionnelle pour une procédure en diffamation contre Libération. Objet du litige, deux pages publiées le 30 mai 1998 sous le titre «Plongée dans la nébuleuse Lutte ouvrière». Libération y décrivait les pratiques de l'Union communiste internationaliste, véritable nom de LO; son souci de la clandestinité, sa pratique du secret. Et tentait d'éclairer le citoyen-(é)lecteur sur un parti qui venait de faire une percée remarquable aux élections régionales. Le journal citait une militante déçue, qui trouve que LO «fonctionne comme une secte». Libération dévoilait surtout l'existence de «Hardy», l'un des principaux mentors (discrets) de Lutte ouvrière, alors qu'aux yeux du grand public, LO, c'est Arlette Laguiller. Autre point, très sensible pour LO, la pratique des «cotisations exceptionnelles, sorte d'impôt sur la bourgeoisie, qui amènent des militants extérieurs (non ouvriers) à se procurer de l'argent comme ils peuvent, auprès de leurs parents». Sous l'oeil vigilant de Jean-Yves Monfort, président de la 17e chambre, David Dufresne, journaliste à Libération, a expliqué avoir mené une enquête de plus d'un mois, accumulant témoignages, pièces et archives de l'organisation. Il a détaillé les moeurs