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Libération

«Arrêtez-nous, monsieur, s'il vous plaît»Nouvelle action de sensibilisation des soutiens des sans-papiers.

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publié le 1er juillet 1999 à 23h43

Hier après-midi, une centaine de personnes, syndicalistes,

associatifs, parrains de sans-papiers, en compagnie de quelques politiques, se sont présentées devant le ministère de la Justice. Objectif: se faire coffrer. «Arrêtez-nous, monsieur, s'il vous plaît», répétaient-ils aux policiers en faction. Le raisonnement a sa logique: ceux qui, comme eux, aident, soutiennent, hébergent des sans-papiers se rendent coupables du délit de solidarité, puni, en vertu de l'article 21 de la loi Chevènement, de deux mois à cinq ans de prison (et de 2 000 à 200 000 F d'amende).

«Hypocrisie». «C'est inquiétant de devoir multiplier les actions spectaculaires», soupire Alain Krivine en s'engouffrant dans le métro. Direction Opéra, ministère de la Justice. Place Vendôme, à côté de la chancellerie, le portier du Ritz découvre la banderole des manifestants: «La solidarité est un délit, inculpez-nous.» «Vous inquiétez pas, on a l'habitude des manifs ici», dit-il, un poil crispé quand même, juste avant de reculer une Rolls, sans doute un peu trop exposée.

«Nous voulons faire émerger l'hypocrisie. Des milliers de Français hébergent des sans-papiers. Ils sont donc en contravention, il faut régulariser ou les inculper», rappelle Jean-Claude Amara, président de Droit devant, qui est à l'origine de cette nouvelle action. Vite rejoints par autant de policiers, les manifestants ont déjà, comme Jean-Baptiste Eyraud de Droit au logement, prévenu femme et enfants qu'ils partaient en prison et tendent leurs p