Jean-Loup Tournier, le président du directoire de la Sacem, a adopté
une curieuse stratégie pour défendre l'honneur de la société d'auteurs. Sous le feu depuis plusieurs mois d'une polémique sur les gestions des droits des sociétaires juifs durant l'Occupation, il a commencé par nier en bloc. Puis, les documents accablants s'accumulant dans la presse, il a tenté de démontrer que cette histoire n'était que le produit d'une vindicte personnelle, celle de Daniel Vangarde, un sociétaire qui mène depuis des années une recherche sur ce sujet. Le 8 juin, Tournier agitait des menaces de sanction contre cet insolent. La dernière étape de cette stratégie, pour le moins maladroite, a eu lieu hier. Lors d'une conférence de presse, la Sacem a produit quelques documents épars, pour récuser les accusations portées contre elle. Une façon de couper l'herbe sous le pied de la Mission d'étude sur la spoliation des juifs, présidée par Jean Matteoli, qui s'est saisie du sujet mais se donne le temps de faire un travail de recherche recoupé, sous la direction de l'historienne Annette Wieviorka. Hier, Tournier a affirmé que la mission n'avait pas encore démarré son travail, parce qu'il lui manquait un archiviste. Un propos manifestement inexact, alors que la Sacem elle-même se montre peu coopérative pour ouvrir ses archives. Surtout, Tournier a tenté d'obtenir que la mission prenne position tout de suite. Réponse de Matteoli: «Vous comprendrez aisément que la mission ne saurait aujourd'hui préjuger