Visite d'un bateau en gésine. Visite de l'Hermione, frégate du XVIIIe siècle que Rochefort-sur-Mer reconstruit à l'identique. Visite d'une forêt mise en forme, d'os de chêne en attente de sel. On est à la poupe du navire de 65 mètres qui marque la volonté d'une ancienne ville-arsenal de se rapproprier son histoire, à l'heure où la France ferme ses casernes et ses poudrières. Vue sur une arche de bois, avec des membrures comme un thorax de baleine morte. Sensation d'être un peu Noé n'ayant pas encore sélectionné ses espèces animales; un peu Jonas attendant que le souffle du projet nous recrache. Impression de s'immiscer dans la carcasse d'une grandeur passée et d'un futur difficilement recommencé. Impression d'habiter le squelette d'une défunte splendeur maritime et guerrière sans bien savoir si les logiques patrimoniale, touristique et culturelle suffiront à remettre à flot une ville qui a longtemps décrété qu'un fleuve bourbeux valait bien le grand large. Il fait chaud et spongieux sous la tente de plastique. 80% d'humidité, une hygrométrie constante pour éviter que le bois ne sèche, joue et se craquelle. Les charpentiers viennent de poser le 52e couple sur 62. La coque prend forme. Sur des promenoirs en aluminium, les visiteurs s'agglutinent à 25 francs la visite guidée. Ils étaient 120 000 en 1998, ils seront au moins 250 000 en 1999. Les initiateurs de l'opération s'étonnent presque de cet engouement qui les renforce dans leur envie de faire durer la construction. Au XVI
reportage
De bois, de sel et de mer
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La poupe de l'Hermione, en février 2015. AFP PHOTO / XAVIER LEOTY (AFP)
par Luc Le Vaillant
publié le 3 juillet 1999 à 23h51
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