Il est sorti de la minuscule porte de la Santé, amaigri mais
souriant, et plus Bernard Bonnet que jamais. «J'affirme avoir été victime d'un complot, a affirmé vendredi l'ancien préfet de la Corse. Pour être plus précis, d'un attentat judiciaire commis en bande organisée.» Il a sévèrement mis en cause la garde des Sceaux, promis «quelques coups de théâtre» et est allé boire une bière avec ses enfants. Deux mois de prison n'ont visiblement pas entamé la flamboyante personnalité du haut fonctionnaire mis en examen pour l'incendie volontaire, au printemps, de deux paillotes en Corse, et il n'a pas cédé un pouce de terrain pendant l'instruction: il nie, avec assez de hauteur, et décide aujourd'hui, non sans culot, de contre-attaquer. Mais, si le préfet est joueur, il n'est pas très sûr qu'il en ait les moyens. Bernard Bonnet avait déjà prédit une fois du «sport national» en accusant deux anciens ministres, il n'avait accouché que d'une petite division d'honneur.
Sang-froid. Me Georges Kiejman, son avocat, avait déposé une demande de mise en liberté, lundi, lors de la confrontation du préfet avec deux de ses accusateurs, Gérard Pardini, son ancien directeur de cabinet, et le colonel Henri Mazères, l'ex-patron de la légion de gendarmerie en Corse. Le juge Patrice Cambérou, qui a géré jusque-là le dossier avec un remarquable sang-froid, a signé, vendredi après-midi, la mise en liberté du préfet, assortie d'un contrôle judiciaire classique. Il est assigné à résidence en Ile-de-France