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Libération

Ma cité chez les scouts. Près de Saint-Etienne, 36 camps, 800 jeunes des banlieues, un choc de cultures.

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publié le 9 juillet 1999 à 23h46

Saint-Genest-Malifaux, envoyé spécial.

Loïc est un chef scout de carte postale. Roux, frisé, timide. En culottes courtes et chemise jaune. Omar est un concentré de gamin des cités. Haut comme trois pommes, brun, et gouailleur. En survêtement WBA et baskets. Loïc noue le foulard autour du cou d'Omar, dans un brouillard matinal, en lisière de forêt, au camp de Conduran. Il égrène les bases du scoutisme ­ s'engager à respecter autrui, la nature et le camp ­ pendant qu'Omar déconne. Comme Omar, 800 jeunes, garçons et filles de 8 à 15 ans venus de tous les quartiers sensibles de l'Hexagone, tâtent, du 5 au 18 juillet, des choses du scoutisme. Trente-six «camps pour tous» dans le parc régional du Pilat, près de Saint-Etienne.

Tandis qu'Omar se marre en regardant son foulard, des enfants passent en portant des troncs de bois pour finir l'installation de leur camp. Ils ont construit des tables, des feuillées, un coin veillée. L'essentiel du scoutisme en rondins découpés. L'accessoire, le foulard, ils le portent sur la tête: en bandana, en bandeau sur le visage. Et parfois, à la scoute, noué autour du cou. Leurs équipes ne s'appellent pas «Renard perfide» ou «Gazelle malicieuse», mais «Demonia du Mike» ou «Se-ma-mo» (Sénégal, Mali, Mauritanie).

Pour atténuer le choc des cultures, une centaine d'animateurs issus des cités jouent les tampons. Salem est l'un de ceux-là. Au camp de Conduran, plein d'enfants de Meaux et des Ulis, il bénéficie d'une cote d'enfer auprès des gamins. «Il parle