Menu
Libération

La mise en examen de la Cogema. Un juge dans l'antre du nucléaire. L' usine de retraitement de La Hague viole-t-elle les règles de stockage des déchets radioactifs? Sur une plainte d'un écologiste, ce pilier du lobby de l'atome doit en répondre devant un juge d'instruction.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 juillet 1999 à 23h44

La Hague, envoyé spécial.

Entreprise clé dans le dispositif nucléaire français puisqu'elle couvre l'ensemble du cycle du combustible (de la mine au retraitement), la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) a été fragilisée à l'automne 1998 par la décision allemande de se défaire peu à peu de l'atome. Une décision qui s'accompagne, des deux côtés du Rhin, d'une volonté de rendre les affaires nucléaires plus transparentes. L'ex-patron de la Cogema, Jean Syrota, a d'ailleurs fait les frais de ce changement d'état d'esprit: il a été débarqué le 23 juin par l'Etat pour être remplacé par une femme, jeune, et fidèle de François Mitterrand, Anne Lauvergeon. Le dossier est brûlant. Dimanche, des militants de Greenpeace ont occupé un portique et une grue sur le port de Cherbourg pour protester contre le prochain transport de Mox (combustible recyclé) que la Cogema est en train d'organiser vers le Japon.

«Transport de justice»

Hormis deux convois de retour en direction de l'Allemagne et quatre vers le Japon, la totalité des déchets étrangers arrivée à La Hague depuis 1977 à la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) n'en est jamais repartie. Or l'article 3 de la loi de 1991 sur les déchets fait du retour à l'envoyeur une «obligation de sûreté et de prudence», une fois les délais techniques du retraitement écoulés. L'empilement des déchets nucléaires sur ce site depuis plus de vingt ans est au coeur d'une enquête judiciaire et d'un récent «transport de justice». Le