Au bureau, elles causent fringues, sorties et petits copains. Les
unes rêvent du beau mec qui les fera chavirer, les autres affirment qu'entre un homme et un bon plat de pâtes, aucune hésitation: les pâtes. Elles s'appellent Camille, Manuela, Hélène, Karina, toutes entre 19 et 45 ans, militantes d'une association quasi unique au monde, le Pastt (Prévention action santé travail pour les transgenders) (1). Unique car toutes ces femmes sont des transsexuelles qui depuis sept ans aident celles d'entre elles qui vivent mal. Dans le dénuement et la maladie, dans la clandestinité et la prostitution. Une démarche isolée si l'on s'en tient aux chiffres on compte environ une transsexuelle homme vers femme pour 11 000 habitants, un transsexuel femme vers homme pour 22 000 habitants. Entre clichés miteux et flamboyance, les «transgenres», comme elles préfèrent se nommer, suscitent pourtant la curiosité. Des mauvais comiques aux publicités gonflées (récemment pour un opérateur de téléphonie mobile), de la chanteuse israélienne Dana International au film Tout sur ma mère de Pedro Almodovar (2), beaucoup s'emparent, tantôt avec tendresse, tantôt vulgairement, d'un désordre intérieur que les premières concernées souhaiteraient mieux compris. En gros: il y a, chez les transsexuels, conflit entre le biologique (féminin ou masculin) et la façon dont la personne ressent son identité. D'où la définition classique: une femme enfermée dans un corps d'homme, un homme enfermé dans un corps de femm