Aiton (Savoie), envoyé spécial.
Pascal vend des frites dans une camionnette qu'il vient de planter sur l'aire d'Aiton en Savoie. C'est son «fast-food mobile»: «Avant, j'étais dans la vallée de Chamonix, mais depuis l'incendie, c'est la cata, il n'y a plus de clients.» Aiton, c'est la toute nouvelle aire sur l'autoroute A43 (Grenoble-Chambéry-Tunnel de Fréjus). Un parking, un restoroute et une facture de 22 millions de francs pour la dernière halte avant la nationale 6. Une nationale à l'affluence autoroutière depuis le 24 mars et le drame du tunnel du Mont-Blanc qui a fait 39 victimes. Le tunnel tueur est fermé. L'autre trouée vers l'Italie, le Fréjus, est juste au bout de cette route grimpeuse. Elle a vu son trafic de poids lourds augmenter de 85%.
Aiton sert de retenue, pour éviter les files de 38 tonnes qui grimpent vers le tunnel. C'est un arrêt obligatoire pour tous les camions. L'infrastructure a été inaugurée le 15 juillet par le préfet de Savoie, Pierre-Etienne Bisch. Pascal a attendu le lendemain pour s'y installer. «En obligeant les camions à s'arrêter ici, les flics travaillent pour nous, se réjouit-il. Les routiers ont deux heures d'attente minimum et nous remercient d'exister.» Car à Aiton, à 70 km du tunnel, on achète son ticket de péage et on attend son tour. Accoudé au comptoir du snack ambulant, ce routier belge s'insurge. «Moi, mon patron il me demande ce que je fous pendant deux heures. Même avec le reçu qu'on nous donne ici et qui prouve qu'on est bloqué,