Le procès d'Eva Joly n'aura pas lieu. Hier, c'est sur cette
constatation que les avocats ont quitté, penauds, la salle d'audience de la 1re chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. L'ordre des avocats de Paris contestait la perquisition menée par les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky chez Me Eric Turcon, le 26 janvier dernier. Une perquisition visiblement destinée à percer le secret de ses liens avec l'un de ses clients, le suspect numéro un de l'affaire Elf, Alfred Sirven, toujours en fuite. Estimant que cette perquisition violait le secret professionnel de l'avocat et constituait une «faute lourde», l'ordre avait intenté une action civile contre l'Etat. Il réclamait un franc. A peu près toute la profession (syndicats, conseil national des barreaux") s'était jointe à la procédure. Tout le monde a été débouté.
Secret professionnel. Jean-Marie Coulon, le président du tribunal, a estimé que la perquisition «ne présentait pas un caractère d'illégalité suffisamment manifeste» pour «permettre au juge civil de retenir qu'il constitue une faute lourde». Le tribunal ne veut pas «s'immiscer dans la procédure pénale en cours», ni même apprécier la légalité de la perquisition, ce qui incombe selon lui à la juridiction pénale. A la sortie, Henri Leclerc, avocat désigné par l'Ordre, a annoncé son intention de faire appel, et d'aller s'il le faut devant la cour européenne des droits de l'homme. Selon lui, la déroute n'est pas totale. «Le tribunal a estimé que, dans le