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Interview

Jean Feunteun, généticien à l'institut Gustave-Roussy: «Un intérêt scientifique indiscutable».

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publié le 30 juillet 1999 à 0h05

Jean Feunteun est généticien et directeur du laboratoire de

génétique oncologique à l'institut Gustave-Roussy.

Cette découverte est-elle une surprise?

Non, elle était attendue. Elle s'inscrit dans une logique scientifique tout à fait linéaire. Robert Weinberg avait été le premier à démontrer dans les années 80 l'altération du gène Ras (celui qu'il utilise aujourd'hui) dans les tumeurs humaines. Il a démontré alors que l'introduction de ce gène avec le gène LT du virus SV40 (celui qu'il utilise aussi aujourd'hui) dans les cellules de rat et de souris les transformait en cellules cancéreuses. Il essayait de le faire depuis quinze ans chez l'homme mais n'y arrivait pas. Là, il a réalisé une combinaison de trois gènes (les deux précédents plus celui de la télomerase) qu'il a introduits dans des cellules humaines normales, et qui les ont transformées en cellules tumorales. En bref, il a réussi à rendre une cellule cancéreuse. Jusque-là, on arrivait à créer des cellules humaines tumorales par des traitements extrêmement lourds, en les traitant par exemple par des goudrons de tabac, mais jamais en introduisant des gènes définis.

S'agit-il d'une découverte révolutionnaire?

C'est une découverte qui représente un intérêt scientifique indiscutable. Une rationalisation de la compréhension des mécanismes du cancer.

Peut-elle déboucher rapidement sur des traitements plus efficaces?

Rapidement non. Les perspectives thérapeutiques qu'offre cette découverte ne seront pas au lit du malade demain. S