C'est une curieuse opération en trompe-l'oeil. Il y a un peu plus
d'une semaine, le parquet de Paris s'apprêtait à donner enfin les moyens nécessaires au juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy pour explorer les mystères financiers de la Fondation nationale de tranfusion sanguine, que Michel Garretta a dirigée jusqu'en 1991 (Libération du 6 septembre 1999). Il était alors question de lui délivrer un réquisitoire supplétif pour «abus de biens sociaux» visant les principales facettes de cette affaire. Une semaine, plus tard, le résultat définitif est tombé. En peau de chagrin. La juge a bien reçu le feu vert pour élargir son instruction. Mais son territoire a été extrêmement bien limité à deux volets, qui ne sont pas le coeur du dossier. Elle peut désormais enquêter sur Censeo, une société créée par deux femmes, les épouses du docteur Garretta et de son avocat, François-Xavier Charvet. La juge pourra aussi s'intéresser à Curative SA: cette structure, fondée en 1990 par une filiale de la FNTS, a acquis un brevet américain permettant de fabriquer des préparations à partir du propre sang du patient à soigner. Le brevet sera inexploitable. Et la FNTS encaissera un peu moins de 9 millions de francs de pertes. Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel et des dizaines de millions de francs envolés, la magistrate n'a pas de réponse.
Détenu. A l'origine, l'information judiciaire ouverte en 1992 visait un délit d'ingérence: Michel Garretta était actionnaire, aux Etats-Unis, d'Haem