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Libération
Reportage

A Tours, le procureur ne badine pas avec le sans-papiers. Au départ une histoire de mariage blanc qui tourne court. A l'arrivée, sept mois de prison requis.

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publié le 17 septembre 1999 à 0h44

Tours, envoyé spécial.

L'histoire est abracadabrante, le délit insignifiant, le dossier pour les avocats «ridicule», et l'audience hier devant le tribunal de Tours aurait été grotesque si monsieur le procureur n'avait pas pris les choses en main. Histoire de faire oublier les bavures judiciaires, les écoutes au domicile d'un avocat, gentiment qualifiées de «difficultés en cours de procédure» par le tribunal, pour une simple histoire de mariage blanc qui a tourné court.

L'épopée tourangelle débute mollement à l'automne 1997 quand un Algérien d'aujourd'hui 39 ans, Bendhiba Selamnia, demande la main d'une dame Habiba Bouadjar, dans la petite commune de La Riche. Elle a déjà deux enfants et lui pas de papiers, mais il a déposé un dossier pour être régularisé. Le maire de La Riche flaire le mariage blanc et, n'écoutant que son devoir, alerte le procureur. D'autant que les futurs époux sont épaulés par un collectif de sans-papiers, et notamment par une blonde flamboyante qu'il a dans le nez depuis un moment.

La blonde, c'est Delphine Benama, 27 ans, amoureuse d'un Algérien dont elle a un enfant et qui avait fait une grève de la faim l'année précédente pour que son ami, condamné de droit commun, ne soit pas expulsé. Le bon maire avait refusé de la marier, mais la jeune femme avait fini par gagner et épouser le père de son gamin. Avec l'affaire Selamnia, le procureur de l'époque s'est promis de frapper fort, et fait rarissime, a confié à un juge d'instruction cet épineux dossier. Le ju