Mont-de-Marsan fut célèbre pour son club de rugby, l'est encore pour
sa bonne bouffe, mais plus encore pour les tribulations de son tribunal de commerce. Alain Andignac, producteur de foie gras en liquidation judiciaire, s'y démène depuis des années contre ce qui ressemble à une entreprise de spoliation, un concentré et une caricature des dérives consulaires en France.
Alain Andignac n'aurait jamais dû être mis en faillite personnelle. Son entreprise, Andignac SA, a été vendue à des financiers belges (Carnard Holding) en mars 1990. Ce sont eux qui, un an plus tard, ont déposé le bilan après n'avoir pas honoré leur promesse d'injecter de l'argent dans l'affaire. Première curiosité, le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan n'effectue aucune recherche en responsabilité contre ces financiers qui ont depuis organisé leur propre faillite à Bruxelles. Par contre, il s'acharne sur Alain Andignac, qui n'exerçait plus de mandat social dans la société.
Coquille. Deuxième curiosité, le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan cède Andignac SA en mars 1992 à une société Audifin, dont l'un des actionnaires (22,5% du capital) est Jean Hamilius, dirigeant de la coquille belge qui avait déposé le bilan. Une ficelle vieille comme les tribunaux de commerce: on dépose le bilan, les dettes sont nettoyées, et on rachète le tout pour pas cher à l'aide d'un faux nez. En l'occurrence, Audifin rachète pour 130 000 F un actif évalué à plusieurs millions. Pourtant, Alain Andignac avait lui-même déposé une