Il est «vieux», se dit «malade», il ne se souvient pas toujours des
noms propres, oublie les dates, mélange les lieux. Mais il a gardé quelque chose d'intact, son sens de l'honneur. Jacques Delarue, «80 ans après-demain», poursuit en diffamation Arno Klarsfeld. L'avocat, une des parties civiles au procès de l'ancien préfet de Bordeaux, Maurice Papon, l'a taxé dans un livre (1) d'«historien qui triture l'Histoire pour la faire correspondre à ses thèses». Et là, cet ancien policier, en fonction sous l'Occupation mais qui se décrit comme «petit résistant», qui a fini sa carrière commissaire divisionnaire et décoré de la Légion d'honneur, s'insurge. Depuis la Libération, il a consacré toutes ses heures perdues à l'histoire de la Gestapo, il a multiplié conférences, articles, expertises en justice. Il a subi nombre de confrontations, de polémiques, mais, «jamais», jusqu'à l'attaque du jeune Klarsfeld, «on n'a mis mon honnêteté en cause».
Acharnement. Hier, à la barre de la 17e chambre correctionnelle de Paris, Jacques Delarue en tremblait. Quand le président Jean-Yves Montfort lui demande quelle appréciation il porte sur l'attaque d'Arno Klarsfeld, il explose: «Je suis l'objet d'un acharnement qui dure depuis des années, il y a une volonté de me nuire, de me salir, une action souterraine de propagation de calomnies auprès des médias. Mais je n'ai pas l'habitude de me défiler.» Que lui reproche le fils de Serge Klarsfeld, qui a rempli la salle d'audience des membres de son associat