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Libération

Une transsexuelle en mal de réconfort devant la justice. Laurent D. comparaît pour avoir harcelé des défenseurs des sans-papiers en 1996.

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publié le 17 septembre 1999 à 0h44

Elle porte une veste rose très ample et de grosses lunettes fumées

qui mangent pratiquement son visage poudré de blanc. Elle s'appelle Laurent D., transsexuelle poursuivie mardi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour une flopée de délits: appels téléphoniques malveillants, faux et usage, escroqueries et tentatives d'escroqueries. Embarras. Les plaignants? Trois avocats très actifs dans la défense des sans-papiers, une journaliste de France 3, SOS-Racisme et son ancien président Fodé Sylla. Tous victimes particulières de ce persécuteur aujourd'hui âgé de 32 ans, qui aimerait qu'on l'appelle «madame» mais à qui on donne, embarrassé, du «monsieur» ­ sauf à quelques reprises où avocats et substitut évoquent «la prévenue Laurent D.». Sans papiers elle aussi, larguée après l'assassinat de son père et la mort de sa mère, Laurent a dérapé en 1996. C'était à l'époque de Saint-Bernard, des immigrés sans papiers, de la médiatisation. Ces reportages à la télé lui donnent des idées. Séropositive, seule, sous médicaments et suivi psychologique, elle se dit: «Puisqu'ils combattent le racisme, ils vont pouvoir s'occuper de moi, transsexuelle, au ban de ma propre société.» Ça ne marche pas. Econduite au téléphone, parfois vertement (selon son avocat, quelqu'un de SOS-Racisme lui aurait lancé: «On a autre chose à faire que de s'occuper des travelos»), Laurent D. décide de se venger. Envoi de colis. A partir de l'été 1996, son ire se manifeste sous deux formes. L'une