Tilly-sur-Seulles envoyé spécial
A l'auberge du Vieux-Pont, c'est chaque fois la même chose depuis deux semaines. «Moi, j'ai jamais aimé sa tête, au docteur!», lâche la patronne, menton dressé vers l'autre côté de la route, d'où émerge de la verdure le toit de la maison du docteur Godard. Un consommateur s'énerve: «Ça y est! Vous en faites déjà un coupable, sans aucune preuve!» Ce qui ne plaît pas au patron. «Moi, j'y étais avec les gendarmes quand ils ont perquisitionné. Le sang sur l'oreiller, sur le matelas et contre un mur, même l'enquêteur il a été impressionné.» Déjà d'autres hypothèses s'échafaudent, les bribes des souvenirs des uns et des autres s'assemblent pour dresser un portrait de ce médecin que chacun, à commencer par ses voisins, connaissait si peu. Croisière. Le 1er septembre, le docteur Yves Godard, marin expérimenté, s'embarque pour une croisière de cinq jours, de Saint-Malo à Perros-Guirrec, sur un voilier de location, avec ses deux jeunes enfants. Le 5, le bateau n'est pas restitué, mais son annexe est retrouvée, avec la veste et le chéquier du médecin, au large de l'île de Batz. Les gendarmes retrouvent son Combi VW sur le port. A l'intérieur, d'inquiétantes tâches de sang. Au domicile, ils découvrent les traces d'un carnage et apprennent que le médecin s'est violemment disputé avec sa femme Marie-France, la nuit précédant la croisière. Jeudi, le procureur de Saint-Malo confirme que le sang appartient bien à l'épouse d'Yves Godard. Depuis, impossible de