En 1975, lors de la réforme, le divorce pour faute avait failli
disparaître. Mais ses partisans, assis à droite de l'hémicycle, avaient réussi à imposer «l'intérêt légitime de l'époux à faire établir en justice son innocence plutôt qu'à se laisser envelopper dans un divorce moralement indifférent d'où le public tirera le soupçon que tous les deux sont plus ou moins coupables» (1). La faute va de l'alcoolisme à l'adultère, en passant par le désintérêt familial, voire «la passion immodérée pour l'informatique».
«Nombreux sont les auteurs qui pensent que la suppression du divorce pour faute heurterait profondément ceux de nos concitoyens qui sont attachés à la valeur du mariage et ne veulent pas le voir réduit à un contrat à durée déterminée. Il faut le maintenir», estimait l'an dernier Jacqueline Rubellin-Devichi, professeur de droit à Lyon et directeur du Centre de la famille. La commission Dekeuwer-Défossez, chargée d'esquisser une réforme du droit de la famille, a rejeté, sans surprise, l'idée d'un divorce sans juge. Mais elle avait aussi l'opportunité d'en finir avec le «divorce sanction» et a quand même choisi à l'unanimité de ne rien changer, ou presque. «Ne plus faire de la violation des obligations conjugales une cause de divorce modifierait profondément la nature et le sens du mariage. Il ne semble pas qu'une telle évolution corresponde à une demande sociale majoritaire et elle pourrait avoir des effets tout à fait négatifs en termes symboliques.» Certes, dans son rappo