Tarbes, envoyé spécial.
Vendredi, la broche a tourné une dernière fois aux Violettes. Toute la journée, les hommes ont préparé le méchoui dans cette cité de Tarbes (Hautes-Pyrénées), en parlant du passé. On fêtait la naissance d'un dernier enfant dans un quartier qui sera rasé. Construites il y a vingt-cinq ans, les Violettes maintenaient en marge de la ville une trentaine de familles. Gens du voyage pour l'essentiel, gitans ou manouches sédentarisés depuis une ou deux générations, ils vivaient là dans des conditions d'hygiène épouvantables. Rarement, les pouvoirs publics auront été si loin dans la relégation. Aujourd'hui, trois familles seulement restent aux Violettes. Les autres ont été relogées dans des maisons individuelles aménagées, avec des espaces adaptés pour la ferraille, la mécanique. Un programme exemplaire et douloureux, porté par une députée, une assistante sociale et un bailleur.
L'architecte des Violettes reconnaît avoir livré en 1974 «le maximum de place avec le minimum d'argent». Mais à l'époque, il fallait remplacer un camp d'urgence qui concentrait, dans le centre, tout ce que la ville comptait de misère. On a construit deux rangées de maisons basses collées les unes aux autres, adossées à une station d'épuration aujourd'hui désaffectée. Les jardins privatifs donnent sur des silos où macéraient les excréments. Deux canaux étroits encadraient la cité. L'un d'entre eux venait d'un abattoir et charriait fréquemment les déchets d'animaux. Monique Péré, 62 ans,