Toulon, envoyé spécial.
Deux hommes, parole contre parole. Mon premier s'appelle Chris-tian Gueït. A 38 ans, cet employé municipal à Toulon, «ancien pur et dur du DPS (Département Protection Sécurité, le service d'ordre du FN), de 1985 à 1998», affirme que le maire lui a interdit de livrer à la justice, en 1995, une information qui aurait pu, selon lui, «éviter trois meurtres». Mon second, Jean-Marie Le Chevallier, maire ex-FN de Toulon, conteste, raille «une petite vengeance de petit monsieur, assez misérable», qu'il explique ainsi: «Monsieur Gueït a subi récemment une sanction, je lui ai retiré sa voiture de fonction. Du coup, il a une crise morale.» Mon tout est un de ces petits règlements de comptes qui font les délices de Toulon.
Au départ, il y a la mort, le 29 août 1995, de Jean-Claude Poulet-Dachary, 46 ans. L'adjoint au maire et directeur de cabinet de Jean-Marie Le Chevallier gît au pied de sa cage d'escalier à Toulon, après une chute, peut-être précédée de coups. Le lendemain, Christian Gueït et un ami du DPS enquêtent «dans le milieu gay», où «Poulet» menait grande vie. A 23 h 30, ils stationnent au bas de son immeuble. Arrive «un jeune avec un cyclo blanc, qui se met à trifouiller la serrure de l'immeuble». Le système électrique avait été déconnecté quelques jours auparavant, et le jeune homme tente de le rebrancher. Il finit par repérer les DPS. «"Je vois que vous venez pour la même affaire, nous dit-il. "Vous êtes des flics? On laisse planer le doute. Il nous d