Le président chantonne presque: «Et qui c'est que les policiers ont
découvert, caché dans les toilettes, derrière l'issue de secours forcée?» «Euh, moi», suggère Francis, et le juge frappe un coup joyeux sur son bureau: «Eh oui, le prévenu!» Francis n'a ni famille, ni emploi, ni domicile. Il a cassé la porte d'un restaurant, l'alarme s'est déclenchée, la police est arrivée. «Vous avez une explication?» «Je me baladais», hasarde Francis, et le juge se marre: «Avec un tournevis et un pied-de-biche? C'est votre habitude?» L'avocate s'amuse aussi: «Je signale au tribunal que la gérante du restaurant indique un vol de 9 000 F, alors qu'au final il ne s'agit que de 3 000 F.» Le juge est philosophe: «Eh oui! Le tribunal a l'habitude des victimes qui surévaluent leur préjudice. C'est ainsi.» Le procureur parle des huit condamnations de Francis, «il n'en est pas à son coup d'essai». Il dit: «Le temps de la clémence est passé», et réclame dix mois ferme. Mais l'avocate a des arguments: «Son casier judiciaire m'a surprise, il n'a aucune condamnation jusqu'en 1987, vous voyez, cela montre un tournant dans sa vie.» Et le juge la coupe: «Cela ne veut rien dire, il y a eu des amnisties. Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie, le tribunal sait décrypter un casier.» La jeune femme hausse les épaules: «Moi aussi, je sais lire et ma théorie semble exacte, je trouve très curieux d'arriver à 30 ans pour entrer dans la délinquance.» Elle ne peut guère en dire plus, puisqu'elle avoue: «Je n'a