Salon-de-Provence envoyé spécial
Il y a deux ans, Patrick D. avait réussi un coup de génie: le clonage d'une télécarte de France Télécom. A l'époque, la prouesse avait été saluée comme il se doit. Enquêtes, filatures, arrestation. Et pourtant. La semaine dernière, lors du séminaire «Criminalité et Nouvelles Technologies de l'information», qui s'est tenu à Salon-de-Provence, sous l'égide du ministère de l'Intérieur, Patrick D. était à la tribune. Pour dire comment il avait fait. Comment on pouvait le refaire. Et, au passage, pour avouer au représentant de l'opérateur des télécoms tout le mal qu'il pensait de son système de sécurité. Lequel a un peu toussé.
Aux Etats-Unis, ce genre de scène, où des hackers (pirates) viennent livrer quelques secrets dans des congrès de cyberflics, est devenue monnaie courante depuis qu'un haut responsable du FBI a décrété que les «pirates informatiques sont une ressource nationale». En France, non. Salon-de-Provence était une première. D'ailleurs, ils étaient deux pirates à être invités, aux côtés du gratin policier en la matière (DST, RG, BCRCI, Sefti, Gendarmerie). «C'est dire si les temps changent», souffle un membre du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP), organisateur du raout. C'est dire, aussi, la particularité de cette délinquance moderne.
Marcel Vigouroux, le commissaire de la Brigade centrale de répression contre le crime informatique (BCRCI) en convient, d'ailleurs. Parmi les 300 affaires annuelles que tra