Chamonix envoyé spécial
Un dernier virage en épingle et ils découvrent l'énorme coquillage de l'entrée. C'est un collier de béton qui entoure la trouée dans la montagne. Ils sont 137, réunis six mois jour pour jour après le drame, pour une marche de 500 mètres vers le tunnel du Mont-Blanc. La plupart d'entre eux sont là pour la première fois. Ils sont fils d'industriel belge ou femme de chauffeur routier italien. Leurs voitures sont différentes, leurs habits aussi, comme leur langage. Mais aujourd'hui, dans les derniers mètres, ils sont ensemble. Certains sont en larmes, d'autres détournent la tête du feu rouge planté à l'entrée, qui n'a pas changé de couleur depuis le 24 mars à 11 heures du matin.
André Denis est président de l'Association de défense des familles des victimes de la catastrophe du Mont-Blanc. Samedi, il a réuni sa première assemblée générale. «Le problème, c'est que cette confrontation au tunnel, aux autres familles ou aux soucis judiciaires et administratifs à résoudre, ça fait violemment ressurgir le drame.» Et les rancoeurs. Les cibles sont invariables. L'ATMB (Autoroute et Tunnel du Mont-Blanc), bien sûr, et ses administrateurs (lire encadré). Mais depuis quelques jours, les familles des victimes en veulent également aux dirigeants italiens du tunnel. Xavier Chantelot, leur porte-parole, trouve «l'obstruction dont ils font preuve pour empêcher la simulation de l'accident absolument inadmissible»: «On se demande s'ils ont quelque chose à cacher.» Sur la dem