Cluny, envoyé spécial.
Les élèves des arts et métiers (Ensam) ne sont pas des «tronches» uniquement en mathématiques. Ils savent aussi jouer du pipeau. Lorsqu'on leur demande si le bizutage a encore cours dans les locaux grandioses de leur école à l'abbaye de Cluny (Saône-et-Loire), ils roulent des yeux étonnés. L'un d'eux répond: «Quand j'entends le terme bizutage, ça me fait rigoler.» Puis ils entonnent un autre air: «La vie à l'école c'est un apprentissage humain et social qu'on n'oublie pas. Il y aura toujours cet esprit de groupe, fort.» Le bizutage est mort, vive la «transmission des traditions». «Ce ne sont pas des artifices, c'est une ambiance, c'est un plaisir. Un moyen de se regrouper et de faire passer des valeurs», dit un autre élève. «Persuasion». Les élèves, 267 garçons et 8 filles, savent que la loi de 1998 interdit les pratiques d'usinage. Alors, ils ont trouvé la parade en potassant la sémantique. La «contrainte» est un mot interdit. On l'a remplacé par la «persuasion». A Cluny, c'est la blouse grise qui accroche d'abord le regard. Ils l'ont tous «fraternellement dépucelée» savamment décorée, constellée de mots écrits au feutre. Des petites phrases de lycéens à peine déniaisés comme «la culture ne se décrète pas, elle se conquiert» ou «Fly hard, Life is short». Des effigies de Che Guevara. Des dessins genre Schtroumpfs. Et des injonctions en forme de programme comme «les trad's mourront quand mourront les Gad'zarts» ou «bienvenue dans la famille». Bien