Epinal, envoyé spécial.
Elle a tiré sans pitié ses longs cheveux blonds en arrière, ce qui accentue encore cet air pincé qui ne la quitte guère. Alors que les autres ont le nez dans leurs chaussures, elle regarde la cour sans faillir, en balançant le pied d'un geste mécanique, avec une moue de suprême agacement. Mais ce n'est qu'une pauvre défense. Sandra Virot, 25 ans, est accusée, avec son mari et deux autres femmes, d'avoir torturé quotidiennement son enfant qui n'avait pas quatre ans. Les trois autres hommes de la maison ont laissé faire, ou tapé un peu sur le petit, mais moins souvent, ou alors c'était il y a longtemps. Le petit Johnny a été enlevé à ses parents il y a trois ans. Reste devant les assises des Vosges une famille broyeuse et broyée, où le grand-père est aussi le grand-oncle, mais sans doute aussi le père de Sandra et son violeur.
C'est une affaire où l'on manque de père et de repères. Claude Virot, 56 ans, a rencontré sa demi-soeur à l'enterrement de leur mère. Ils ont décidé de se marier. La mairie, scandalisée par l'inceste, a refusé, mais le couple s'est acheté tout seul des alliances et s'est mis en ménage. Ils ont beaucoup bu et eu plusieurs enfants, dont Sandra, qui ne sait toujours pas exactement de qui elle est née. Elle avait un frère aîné, Johnny, très vite placé dans une autre famille et qu'elle n'a vu qu'une fois. Ça ne va pas fort à l'école. Et encore moins quand son oncle (et «mari» de sa mère) la viole quand elle a 13 ans. Pourtant, elle l'ai